• Voilà, pour moi c'est ça le résumé du "protocole sanitaire pour la réouverture des écoles maternelles et élémentaires".

     

    J'ignore si les personnes qui l'ont rédigé ont déjà mis les pieds dans une école, maternelle ou élémentaire. 

    J'ignore si les personnes qui l'ont rédigé ont la même foi que moi dans les missions de l'École. 

    J'en doute bien évidemment. 

    Nos enfants souffrent d'être enfermés à la maison depuis un mois et demi?

    Nos enfants souffrent d'être privés du contact de leurs camarades?

    Les parents souffrent de devoir gérer télétravail et apprentissages scolaires?

    La société souffre du brusque arrêt de toute l'économie? 

     

    Certes. 

     

    Mais nous sommes nombreux à avoir espéré qu'une des leçons du confinement serait celle-ci: 

    L'hypocrisie portée à son apogée

     

    Au lieu de cela, nos enfants vont bientôt apprendre:

    - à se laver les mains 15 fois par jour

    - à ne pas partager les jouets

    - à ne pas prêter leurs affaires

    - à décoder les intentions du maitre/de la maitresse en regardant seulement ses yeux

    - à se démerder seuls face aux difficultés car le maitre/la maitresse/les élèves tuteurs n'auront pas le droit de s'approcher d'eux

    - à ne pas se mélanger avec ceux qui n'ont pas le même âge

    - à ne pas toucher un livre pendant 5 jours d'affilée si quelqu'un l'a utilisé

    - à voir le maitre/la maitresse désinfecter chaque jeu ou matériel qu'ils auront touché

    - à donner un sens réel et concret aux leçons sur la lèpre au Moyen Age

    L'hypocrisie portée à son apogée

    - à se méfier de l'Autre, tout simplement

     

    Or, appréhender l'Autre, il s'agit là d'une des missions premières de l'école... 

    Comment ça, Parent, t'as vraiment cru qu'une des missions premières de l'école c'était d'apprendre à lire, à écrire et à compter à ton enfant?

    Non, non, ça tu vois t'en es capable, toi aussi. Suffit d'avoir du temps, un peu de patience et les bons outils. Et ça tombe bien, Internet en est truffé, t'as remarqué? Et généralement, les enfants, apprendre ils adorent ça, comme s'ils étaient nés avec cette envie... Et l'enfant "lambda" a souvent tendance à dire des trucs comme ça: 

    L'hypocrisie portée à son apogée

     

    Et si l'adulte a quelque réponses, un peu de Fred et Jamie sous la main, quelques idées de bricolage, 2/3 notions de maths et de grammaire, le tour est facilement joué.

    Ah oui mais non...

    Parce qu'il y a autre chose en fait.

    Apparemment, le Savoir, il se co-construit.

    Se confronter à l'Autre, ça fait grandir, ça fait mûrir, ça fait Vivre tout simplement. Intégrer des règles, non pas parce qu'elles sont imposées par le bon vouloir de l'Adulte mais parce qu'elles sont nécessaires au Vivre ensemble, c'est important, c'est crucial même.

    Déconstruire le sentiment narcissique de la toute-puissance parce qu'on ne peut pas regarder uniquement son nombril, ça ne peut pas s'apprendre à distance. Ni derrière son écran, ni en restant à un mètre les uns des autres, ni en ayant seulement affaire à Papa, Maman, Frère et Soeur....On a besoin d'être brassés, et pendant des années, pour intégrer tout ça.

    Alors reprendre dans ces conditions le 11 Mai, c'est nier le rôle entier de l'Ecole, c'est oublier que nos enfants ont besoin de chercher la réponse à cette question: "qui est l'Autre?" pour un jour pouvoir découvrir par eux-mêmes que "l'Autre en fait c'est moi..."

     

    Et nous allons, nous, Enseignants, mettre cela de côté... Au nom de l'économie et de la société, nous allons devoir faire comme si de rien n'était, fermer les yeux, encore une fois, sur les réelles missions qui nous sont confiées. 

     

    Mais cette fois, ne sois pas dupe, Parent, ne le sois plus. 

    S'il te plait. 

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  • À la veille d’une nouvelle journée de mobilisation qui s’annonce massive dans l’Education Nationale…

    Alors que des avocats jettent leurs robes, que des profs jettent des manuels qu'on leur a imposés, que les pompiers ne savent plus quels slogans afficher sur les camions, que des grévistes avec ou sans gilets jaunes ne savent pas ce qu'ils vont bien pouvoir manger le mois prochain, que les flashmobs et les chansons d'Orelsan ne suffisent toujours pas à se faire écouter....

    Bref, au lendemain de semaines de mobilisation si interminables qu’elles deviennent des mois voire des années…

     

    Je m’interroge sur le choix des termes et sur le sens de tout cela…

     

    Car je lis: 

    To be or not to be...

     

    j'entends: 

    To be or not to be...

     et je me souviens...

    To be or not to be...

     

     

    Je me souviens avoir été choquée quand j’étais une toute jeune adulte par le classement des meilleurs collèges de France qui sortait régulièrement dans des magazines très « in » que je ne lisais pas mais dont je voyais bien les couvertures… Je me souviens très bien m'être dit que je ne comprenais pas le concept... comment et sur quels critères pouvait-on classer des collèges???

     

    Je me souviens aussi de ma mère, infirmière en maison de retraite, fille de paysans, syndiquée à la CGT, qui m’a dit, alors que j’étais scolarisée en CM1 dans une école publique assez classique (j'entends par-là pas dans une banlieue qui craint, ni trop petite, ni trop grande, ni à Paris, "normale quoi"):

    To be or not to be...

    Et qui m’a donc inscrite dans un collège puis dans un lycée privé.

    Catholique.

    D’excellente réputation.

    Où j’ai effectivement rencontré d’excellents professeurs.

    Ainsi que de véritables connards.

    Et pareil chez les élèves.

     

    Je m’interroge donc sur ce qui pousse des personnes qui croient dur comme fer à des valeurs humanistes, des valeurs que dans le langage courant on pourrait peut-être qualifier "de gauche" à inscrire leurs enfants dans des établissements payants, réservés donc par définition à ceux qui peuvent... payer. (et j'ai un bon début de réponse depuis que je suis moi-même devenue maman...)

     

    Tout comme je me suis interrogée (pas longtemps je l’avoue) sur ce qui poussait des Collègues, pédagogues dans l’âme et détenteurs du fameux « feu sacré », à démissionner de la Grande Dame Education Nationale pour aller enseigner dans des écoles privées, (hors contrat ou pas), sachant donc pertinemment qu’ils ne pourraient pas avoir n’importe quel type d’élève…

     

    D'où ma question (et si un Lecteur a la réponse, je suis preneuse) :

    To be or not to be...

     

     

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  • Bon ben voilà... je n’ai pas été détrompée et le Bisounours qui sommeille en moi est en train de se faire mettre en pièces, lentement mais sûrement, par Dame Éducation Nationale...

    L'Arlépial

    Pour comprendre de quoi je parle Lecteur il te faut lire ou relire cet article sur le PIAL qui promettait une amélioration des conditions de recrutement des AESH et donc, par ricochet, une amélioration des conditions d’accueil des élèves en situation de handicap et donc, par ricochet, une amélioration des conditions d’enseignement de nous les profs. Du bonheur en perspective donc et un univers où tout le monde était gagnant.

    L'Arlépial

     

    Retour à la réalité le 26 août 2019.

    Il reste une semaine avant la rentrée et j’apprends officiellement que l’ULIS dans laquelle je bosse est enfin dotée d’une nouvelle AVS (on dit plus AVS) AESH collective (rappelons que l’ancienne avait averti la hiérarchie au mois d’avril qu’elle demandait une mutation).

    Je suis soulagée: je ne serai pas seule avec mes 12 élèves en situation de handicap comme c’est le cas dans bien d’autres ULIS.

     

    Et même mieux que ça: je pourrais hypothétiquement et très très éventuellement avoir DEUX collègues AESH co !!

    Mais oui Lecteur, car l'ancienne AESH co (tu sais celle qui a averti an avril qu'elle déménageait et souhaitait sa mutation) , après 48 appels sans réponse passés à la DSDEN le 27 août (oui, oui 48) finit par obtenir quelqu’un qui lui affirme qu’elle est toujours l’AESH collective de mon ULIS !!

    Cool!!!! Pendant que d’autres collègues galèrent seul(e)s dans leur classe, moi je vais avoir deux collègues AESH co!!

    L'Arlépial

     

    Ah non pardon, finalement on lui dit de rester chez elle:

    "Avec la mise en place des PIAL on est débordés, vous comprenez... et je vous avoue qu’on n’a pas vraiment pris en compte votre demande de mutation mais on ne va pas vous faire faire des kilomètres pour faire doublon donc restez chez vous... A la rentrée, on vous appellera dès qu'on en saura plus. Par contre faites attention à ne pas avoir d’accident car vous ne serez pas couverte vu que vous êtes censée être dans une école..."

    L'Arlépial

     

    Le 27 août également, ma directrice en jogging, qui a tout bien lu les directives du ministre sur le site du ministère parce que dans sa boite mail yavait aucune directive (tu peux lire aussi c'est là) envoie un mail à notre IEN et au coordinateur des AESH avec deux questions simples:

    1 : Pouvons-nous avoir le nom et les coordonnées du coordinateur du PIAL?

    2: Pouvons-nous avoir le numéro de téléphoL'Arlépialne à donner aux parents d’enfants en situation de handicap?

    Tu sais, celui dont on nous parle

     

     

    Et là je lance un appel très officiel à Jérémy Ferrari, Nicole Ferroni, La Bajon ou tout autre humoriste engagé que cela intéresserait car ya vraiment de quoi écrire des sketches !!

    L'Arlépial

    L'Arlépial

    Je n’ai pas le talent de Jérémy Ferrari mais c’est rigolo quand même, hein Lecteur ?

    L'Arlépial

     

    Mais mon nouvel élève autiste qui a fait sa rentrée en découvrant une  école de 308 élèves (contre 80 dans son ancienne), des adultes totalement inconnus (il m’a vue une fois 4 jours avant la rentrée) et plus d’AESH individuelle,

    il n’a pas beaucoup rigolé.

     

    Il s’est donné des claques,

    s’est allongé au sol en remuant dans tous les sens,

    a mordu l’AESH collective,

    m’a donné des claques,

    s’est mordu le bras,

    m’a griffé,

     

    a fait peur aux autres élèves,

    a lancé tous les objets qui étaient à portée de main,

    s’est cogné la tête contre les murs,

    a beaucoup, beaucoup, crié

     

    mais non, vraiment, je ne crois pas l'avoir vu rigoler.

     

     

    Heureusement pour lui et pour mon AESH co et moi, l’inclusion fonctionne parfaitement dans notre école donc durant environ 20 minutes sur les deux heures qu'il a passées à l’école ce lundi de la rentrée, nous étions deux adultes seules avec lui.

    Heureusement pour lui et pour nous, je travaille avec une association de parents d’enfants autistes qui m’a fourni tout un tas de matériel adapté et j’ai pu rapidement lui proposer un casque antibruit et un collier à mordre.

     Heureusement pour lui et pour nous, j'ai choisi d'être en ULIS, et j'ai reçu une formation pour cela. (Rappelons que c'est loin d'être le cas de tous les enseignants d'ULIS)

    Heureusement pour lui et pour nous, j’ai une directrice au top, un réseau d’AESH que je connais et on a pu avoir une AESH individuelle pour lui dès le deuxième jour. Ça ne résout pas tout, loin de là, mais c’est toujours beaucoup mieux que dans toutes ces écoles où des élèves en situation de handicap attendent leur AESH individuelle, une semaine après la rentrée…

    Si vous connaissez des personnes qui sont dans ce cas, vous pouvez leur indiquer ce lien: https://toupi.fr/votre-enfant-a-t-il-son-aesh-repondez-a-notre-enquete/

    Et vous pouvez toujours partager cet article, continuant d'espérer qu'avec le temps et beaucoup de gouttes d'eau, l'Education Nationale deviendra un jour ce qu'elle est censée être... 

     

     

     

     

     

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  • Très  récemment, quelqu’un que j’aime beaucoup a cru m’annoncer une bonne nouvelle et me réconcilier avec ma hiérarchie en me faisant découvrir cette vidéo :

    CLIQUEZ ! 

    La pauvre, elle ne pensait pas obtenir ce type de réaction : 

    PIAL

     

    Et si ce genre de choses me met en colère, c’est parce que :

    1. Tout comme pour le report du Brevet pour cause de canicule, je trouve ahurissant que les enseignants, qui sont pourtant parmi les premiers concernés par la situation, apprennent  ce genre de nouveautés par les médias. Oui parce peut-être que tu penses, Parent, qu’en tant qu’enseignante en ULIS, je sais tout ce qu’il y a à savoir sur cette nouvelle manière de recruter les AESH et sur ces fameux PIAL (les pôles inclusifs d’accompagnement localisés, allez encore un nouveau sigle!). Peut-être que tu te dis que j’étais déjà parfaitement au courant du fait que je vais pouvoir bénéficier d’une formation en compagnie de l’AESH avec qui je vais travailler. Eh bien, non, non ! J’ai reçu un courriel de mon IEN trois jours après avoir vu cette vidéo et j’y ai découvert deux/trois trucs qui ont achevé de réveiller le monstre Colère en moi.

      PIAL

    2. Mon AESH collective (qui malheureusement pour cause de déménagement doit me quitter) avait été recrutée il y a quelques années par la collègue titulaire du poste ULIS à l’époque conjointement à la directrice de l’école. NOUVEAUTÉ : maintenant, c’est le principal du collège (parfaitement au courant des besoins d’une école primaire c’est bien connu) et l’Inspecteur qui vont les recruter.

      PIAL

    3. J’apprends par la lecture du courriel de mon IEN qu’en tant que coordinatrice ULIS, je fais partie du comité de pilotage du PIAL censé finaliser les emplois du temps des AESH du 19 au 30 août 2019 !!!! Ah bon ??? Je reprends le 19 août alors ??

      PIAL

    4.  Je lis aussi qu’un élève bénéficiant d’une AESH mutualisée (c’est-à-dire qu’il partage avec d’autres élèves) ne l’aura que 8h maximum par semaine. Et là, je me demande quel est le sens pratique des personnes qui pondent ce texte… Ont-ils pensé que l’AESH mutualisée qui travaillerait 24 heures et aurait trois élèves dans trois écoles différentes serait parfaitement disposée à faire les trois écoles dans une seule journée ?? Ou bien ont-ils cru qu’il serait bénéfique pour un élève d’avoir une AESH avec lui pendant une, voire deux journées, puis d’être livré à lui-même le reste de la semaine ? Parce que, franchement, ne nous leurrons pas, ceux qui sont sur le terrain savent bien qu’il s’agira d’une de ces deux options.

      PIAL


    5. Enfin ma grosse grosse colère vient également du fait qu’une des AESH individuelle avec qui je travaille depuis 3 ans a fait une demande écrite officielle courant mai pour demander à devenir AESH collective et donc remplacer celle qui s’en va. Demande que ma directrice et moi-même avons appuyée. Aucune réponse écrite ne nous est parvenue mais on lui a dit par téléphone qu’elle aurait la réponse fin août. Fin août, elle saura si l’Education Nationale accepte de la payer 700 euros............................................ ou décide de ne pas renouveler son contrat. Finalement, un tien vaut mieux que deux tu l’auras, elle a décidé de trouver un autre job: vendeuse de fruits et légumes sur les marchés. Elle sera payée 1 400 euros par mois.

      PIAL

     

    Donc je suis désolée, Mme Cartron, de ne pas partager votre enthousiasme pourtant si beau à voir, mais j'ai la vague impression qu'on se fait encore enfumer. Je ne demande qu'à être détrompée...

     

    Si cet article te parle, n'hésite pas à le partager -suffit de cliquer!

    S'il t'inspire un témoignage, écris-moi à melusinedac@outlook.fr 

     

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