• Ecole en forêt...

    Quand le fameux protocole sanitaire est tombé ce 29 avril 2020, j’ai été, comme nombre d’enseignants, complètement abasourdie…

     

    Ecole en forêt...

     

    Il faut dire que l’ensemble de ma pédagogie repose sur la manipulation, la libre circulation des élèves dans la classe, l’autonomie (clique ici si tu veux en savoir plus ) donc l’idée de faire venir mes élèves en classe pour qu’ils restent assis sagement à leur bureau en faisant des fiches c’était juste… pas possible. Quant à celle de désinfecter chaque objet manipulé, c’était totalement irréaliste aussi. Passer mon temps à faire le gendarme pour faire en sorte qu’ils respectent la distanciation sociale : merci mais: not my job…

     

    J’étais donc plutôt désespérée quand je suis tombée sur un article suggérant de profiter de ces conditions particulières pour faire un truc donc beaucoup d’enseignants rêvent sans jamais avoir osé se lancer : la classe dehors ! Et là vraiment ça a fait tilt !

    Ecole en forêt...

    Ni une, ni deux, je l’ai proposée au collègue dont je savais pertinemment qu’il me suivrait les yeux fermés et vraiment, Parent, sans me vanter, c’est une des meilleures initiatives de ma vie d’instit. 

     

    Nous avons la chance d’avoir une forêt à deux kilomètres de l’école, les propriétaires ont été enchantés par l’évocation de notre projet et nous avons donc passé les dernières semaines de cette année scolaire 2019-2020 trois matinées par semaine en forêt…

     

    Trois matinées par semaines, nous avons fait de l’EPS, du français, des maths, des sciences, des arts et de l’éducation civique et morale dans la forêt. (On a commencé à élaborer un Padlet, ça peut vous donner quelques idées...) 

     

    Et comme plusieurs autres enfants, j’ai chopé des tiques.

    J’ai chopé des tiques mais ça valait le coup…

     

    Ça valait le coup pour voir mon élève de dix ans manipuler la scie et échafauder les plans d’une cabane plus balèses que sur Koh Lanta… Ce même élève qui n’arrive toujours pas à écrire une phrase compréhensible malgré tous ses efforts….

     

    Ça valait le coup pour voir ma petite M, si fragile et si menue, atteinte d’une maladie orpheline très rare en France, affronter bravement les insectes et les araignées…

     

    Ça valait le coup pour voir ces deux élèves, un d’ULIS, un de CE2, s’entraider et s’apprendre mutuellement, ne comptant plus sur un enseignant pour les guider et les épauler puisqu’ils s’étaient l’un l’autre trouvés….

     

    Ça valait le coup pour entendre cette petite fille timide de CE2 prendre la parole devant toute une classe de CM2 et leur expliquer comment ça fonctionnait dans « notre » forêt…

     

    Ça valait le coup pour voir mon inspecteur débarquer avec son pantalon droit et son ordinateur portable et s’asseoir sur la souche d’un arbre…

     

    Ça valait le coup pour voir tous ces élèves évoluer librement et bien souvent silencieusement et utiliser naturellement boussole, décamètre, impératif présent, fougères et solidarité.

     

     

     

    Oui, décidément, je suis prête à servir de festin à toutes les tiques du canton pour pouvoir à nouveau voir des élèves apprendre en donnant du sens, palpable et concret et en y prenant autant de plaisir que moi à enseigner…

     

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