• Éloge du lâcher-prise

    Éloge du lâcher-prise

     

    Eh oui, eh oui Lecteur c'est bien moi qui écris cet article aujourd'hui et c'est la suite d'une histoire commencée (faut cliquer).

    Au mois de juin dernier donc, après qu'Ethan m'ait frappée, j'ai lâché...

    J'ai lâché cette histoire dans le cabinet médical de mon médecin généraliste

    J'ai lâché mes collègues, en tout premier lieu les AVS, et mes collègues enseignants parce que je ne suis pas allée bosser. 

    J'ai lâché mes élèves puisque j'ai eu 8 jours d'arrêt.

    J'ai lâché parce que j'ai écouté les êtres humains qui m'ont dit de le faire: mon médecin, mon mari, mes collègues, mes amis.

     

    Alors attention, on ne me fera pas dire ce que je n'ai pas dit: l'arrêt maladie n'est pas le remède à tous les maux et certains en ont plus qu'abuser.  Mais d'autres à l'inverse s'accrochent et s'agrippent et finissent par y laisser bien plus que leur santé. 

     

    Pendant ces huit jours d'arrêt, j'ai lâché mais je n'ai pas abandonné:

    -> j'ai relancé mon Inspecteur et il a fini par me téléphoner,

    -> j'ai découvert l'existence d'une cellule de crise ASH (ne cherche pas dans les sites officiels, Enseignant, tu ne la trouveras pas...): il s'agit d'un groupe réunissant plusieurs personnes: des conseillers pédas, des IEN, des membres de la MDPH et une chargée de mission. Cette cellule ne peut être saisie que par les IEN qui sont chargés d'évaluer préalablement si la situation le nécessite réellement ou non (d'où le fait que nous, simples mortels professeurs, n'en entendions jamais parler...)

    -> j'ai relancé la psy d'Ethan qui a fini par accepter de venir me rencontrer.

    -> j'ai lu un livre qui m'a bien aidée, écrit par des gens qui parlent de leur métier...Éloge du lâcher-prise

     

     

     

    Et voici mon bilan, 6 mois après: 

    - Ethan est toujours dans le dispositif ULIS dont je suis chargée, il vit toujours chez ses parents mais désormais le suivi social est bien plus étroit: deux éducateurs se relaient pour des visites jusqu'à 3 fois par semaine et il va très régulièrement dans un foyer à taille humaine (rien à voir avec celui où il avait été placé auparavant).

    - La cellule de crise ASH a saisi la MDPH qui a produit une triple notification pour Ethan: ULIS, ITEP et AESH individuelle

          alors bien sûr, si tu es enseignant, éduc ou autre: toi-même tu sais: "notif ITEP" ne veut pas dire "place en ITEP" mais  enfin, après 2 refus, c'est quand même un énorme progrès !

    - Fin juin, la psy d'Ethan et son infirmière sont venues à l'école, nous les avons reçues avec ma directrice en jogging et nous avons beaucoup échangé.

    - La chargée de mission ASH est venue nous rencontrer avec deux conseillers pédas en juin. En septembre, la conseillère ASH pardon école inclusive est revenue. Ce jour-là, elle est restée avec nous toute la matinée et le midi, elle a mangé avec les deux AESH (individuelle et collective) de l'ULIS et moi-même et nous avons parlé, parlé, parlé.

    - Début juillet et le mois dernier, nous avons refait des ESS Pour Ethan et mon inspecteur était là.

    - Avec TOUS les enseignants de l'école, nous avons réfléchi à un protocole "spécial Ethan" que nous appliquons tous de manière coordonnée. 

    - Cette année Ethan a réellement un emploi du temps adapté ET régulier (pas un qui change toutes les semaines en fonction des taxis et des institutions)

     

    Alors, Lecteur, j'te l'dis tout de suite, oublie ton Happy End en mode Bisounours: je ne vais pas conclure en te disant qu'Ethan est désormais un enfant heureux et épanoui, ravi et motivé par les apprentissages scolaires et buvant mes paroles d'enseignante en en demandant encore...

    En réalité, Ethan a toujours des crises quotidiennes de violence et un langage totalement inadapté: les AESH et moi-même nous faisons régulièrement traiter de grosses putes et souvent frapper. 

    Mais ça va mieux: 

    Ethan a noué une vraie relation avec son AESH individuelle(et le lecteur attentif que tu es aura bien noté: INDIVIDUELLE pas MUTUALISÉE)

    Ethan est capable de rester calme et respectueux par tranches de 10 minutes. Son record est de 6 fois 10 minutes dans une matinée et c'est énorme. Vraiment. 

    Ethan, à 8 ans, commence tout juste à écrire des mots, à recopier des phrases, à compter presque jusqu'à 20, il se repère désormais dans la semaine et la journée. 

     

     

    Éloge du lâcher-prise

    Non, effectivement, ce n'est pas ce que je dis. 

    Je dis simplement que plusieurs sonnettes d'alarme ont été tirées et qu'enfin des réponses ont été apportées.

    Je dis que lâcher-prise c'est accepter ses limites, c'est prendre du recul, c'est accepter. Et que finalement, l'aide qu'on réclamait tant, on l'obtient parfois, justement, en lâchant, en affirmant qu'on ne gère pas, qu'on ne sait pas, qu'on n'y arrive pas. 

    L'arrêt maladie n'est pas une solution en soi. 

    Ce qui est une solution en revanche, c'est tout ce que j'ai surligné en jaune, c'est tout ce qu'Ethan et moi on attendait, mais c'est aussi ce que les services publics, de même que la société en général attendent, c'est ce qu'il nous faut pour aller mieux, tous autant qu'on est:

    de l'humain.

    Éloge du lâcher-prise

     

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