• L’histoire de l’enfant criant au secours...

    ...et de son enseignante se battant

    contre les moulins à vent. 

    L’enfant s’appelle Ethan.

    Enfin, tu te doutes bien, Parent, que ce n’est pas son vrai prénom. Mais on l’appellera comme ça.

     

    L’enseignante, tu ne devineras jamais qui c’est.

     

    Ethan arrive au mois de septembre en ULIS. Il a 7 ans.  Il vit chez ses parents avec ses trois autres frères et sœurs. Avant cela il était scolarisé quelques heures par semaine dans une école ordinaire. L’an dernier, il a passé 3 semaines en famille d’accueil et 8 mois dans un foyer de l’Aide Sociale à l’Enfance. Huit mois pendant lesquels il est rentré chaque week-end chez ses parents qui ont fait tous les vendredis constater par un médecin les traces de coups ou de fourchettes plantées dans le dos. Finalement, ils ont réussi à le récupérer.

     

    Ethan est suivi par une orthophoniste, une pédopsychiatre et une psychologue. Il a des troubles du comportement. Ethan reconnaît quelques lettres de l’alphabet et parvient maintenant à compter jusqu’à 12.

     

    Dès le mois de novembre, notre équipe se réunit. Nous sommes inquiets pour Ethan. Son comportement envers les autres élèves est très violent, il ne respecte pas les règles, il désobéit constamment, il ne parvient pas à se poser pour apprendre. Il serait mieux en ITEP.

    Mais voilà, l’ITEP, la MDPH l’a déjà refusé.

    Deux fois.

    « Un IME serait plus adapté ».

    Mais l’IME, les parents n’en veulent pas :

    « C’est pour les débiles !! » disent-ils. 

    Conclusion de cette première réunion: nous demandons une AESH individuelle et rédigeons donc une 3ème demande pour un ITEP.

     

    Au mois de janvier, 10 heures d’AESH nous sont très gracieusement accordées.

     

    Le quotidien reste difficile.  Ethan insulte et tape les autres enfants, menace de se jeter par-dessus la rambarde du 1er étage du bâtiment. Sa maman dit :

    "c’est un monstre je ne veux plus de lui!"

    En février, l’inspecteur est contacté : « Je ne sais pas comment obtenir de l’aide de la part des services sociaux et des professionnels du soin et m’en remets à vous car je suis inquiète aussi bien pour cet enfant que pour les professionnels de l’école et de la mairie qui l’encadrent, moi-même me sentant dépassée par la situation globale. Je suis convaincue qu’une répartition harmonieuse entre soins, gestes éducatifs et scolarité permettrait à Ethan  de progresser mais la situation est beaucoup trop instable et déséquilibrée à l’heure actuelle.

    En espérant obtenir vos conseils et votre soutien, je vous prie d’agréer, blablabla »

    Extrait d’une lettre qui n’obtiendra aucune réponse de la personne à qui elle est adressée…

     

    Mais du soutien, moi j’en ai…

    J’ai mes AESuperHéroïnes, ma chère Directrice en jogging, mes collègues en forme de Bisounours, mon extrêmement précieuse famille, mes amis...

     

    Ethan, lui, il a quoi ?

     

    "Connard, pute, salope!

    J’ai le droit de le dire, il le dit Papa ! 

     Maman signera pas mes cahiers,

    elle s’en fout de moi ...

    Je vais me tuer, comme ça vous serez tranquilles!"

     

     

    Ses parents sont en colère :

    « Que font les services sociaux ?

    Que fait l’école ?

    Notre enfant a besoin de soins !!! »

     

    Une deuxième réunion a lieu en février. L’éducatrice nommée sur la famille refuse d’y assister. Elle a peur d’envenimer les choses… L’inspecteur a envoyé un conseiller pédagogique pour le représenter. Son verdict est formel : il faut rédiger une information préoccupante et alerter.  De notre point de vue c’est délicat : la maigre confiance établie avec les parents ne sera-t-elle pas dézinguée ?

     

    Mois de mars : la fameuse éducatrice spécialisée décide finalement de venir nous rencontrer : elle vient à l’école en milieu de matinée.

    Le lendemain : rage du papa :

    « Comment ? Les services sociaux viennent voir mon fils et on ne me prévient pas ? C’est inadmissible, ça ne se passera pas comme ça ! Je préviendrai TF1, vous aurez tous à répondre de vos actes envers mon enfant !! »

    Rideau : il ne veut plus jamais me rencontrer,

    ne signe plus aucun cahier.

     

    Ethan ne comprend pas.

     

    Mois d’avril et mois de mai : escalade de la violence et des menaces d’auto-destruction.

    Les autres élèves de l’ULIS se divisent en deux catégories :

    • ceux qui sont apeurés
    • ceux que sa violence a réveillés, qui se mettent à le provoquer et l’affronter

    Ma directrice et moi multiplions les écrits : psychologue scolaire, éduc, services de santé, inspecteur (qui répond cette fois : « de nombreuses actions ont déjà été faites en faveur de cet enfant, je ne comprends pas, ah tiens, j'ai une idée: pourquoi ne pas demander un ITEP?! »)

     

     

     

     

    Hier, Ethan m’a giflée.

    Deux fois.

    Il m’a mordue et m’a donné des coups de pied.

     

    Il a drôlement bien fait.

    Peut-être que maintenant, le système l’entendra.

     

    L’histoire de l’enfant criant au secours...

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  • Commentaires

    1
    Marie C
    Mardi 4 Juin 2019 à 22:48
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