Voilà bien longtemps que je n'avais pas publié dans mon blog mais, heureusement, l'actualité m'a motivée, motivée !!! (et on va essayer de le rester)

Bon, à part si tu vis sur une autre planète, tu n'ignores pas que ce mois de mars 2023 est marqué par une certaine réforme et une certaine contestation, que ça fait quelques semaines, voire quelques mois que certains réforment et que nous on conteste et que du coup, ben, les journées de grève s'enchaînent...

Or, il se trouve que mon opinion sur la grève reste toujours aussi peu tranchée (cf ici) et le beurre qui pourrait éventuellement être mis dans les épinards, lui, risque de ne pas être assez épais pour l'être (tranché).

BREF !

 Le mardi 28 mars, je n'ai donc pas fait grève et je suis sagement allée dans mon école accueillir mes élèves.

Élèves, qui, tout mal habitués qu'ils sont, m'avaient déjà demandé la veille pourquoi mais POURQUOI, je ne faisais PAS grève cette fois. 

J'ai donc décidé exceptionnellement (très très exceptionnellement bien sûr) d'envoyer bazarder programmes et obligations, grammaire et fractions pour consacrer l'entière matinée à assumer pleinement l'une des missions premières du métier d'enseignant à savoir: 

- faire partager les valeurs de la République

et

- agir en éducateur responsable et selon des principes éthiques

(je n'invente rien c'est marqué là)

J'ai donc expliqué à mes élèves que ce matin-là, ils allaient se transformer en véritables enquêteurs, investigateurs, journalistes même et seraient chargés de répondre à ces deux questions:

- Comment fonctionne la République démocratique en France?

- Pourquoi tant de personnes manifestent en ce moment?

Et ça tombe incroyablement bien mais cette semaine-là était celle de la presse et des médias à l'école justement. 

J'étais donc armée d'exemplaires d'Un jour, une actu (journal d'informations spécifiquement dédié aux enfants) et nous avons allègrement développé nos compétences numériques en allant piocher sur Internet des ressources pour tenter de mieux comprendre de quoi il retournait. 

J'ai bien évidemment guidé les élèves dans leurs investigations mais je n'ai, à aucun moment, donné mon opinion personnelle. 

Avec des CM1-CM2, de toute façon, il est déjà très très classique, lorsqu'on aborde en histoire la période de la Révolution française, qu'ils fassent d'eux-mêmes certains parallèles...

"Mais maitresse, ça ressemble quand même toujours un peu à la monarchie, non?"

Dessin de Jo. 

"Euh... non... pourquoi dîtes-vous ça?"

En ce moment, nous sommes sur la période de la Révolution industrielle, nous avions donc déjà abordé précédemment la question de la condition de vie des ouvriers, la création des syndicats, la nécessité des luttes sociales pour l'amélioration des conditions de vie du peuple. 

Je répète donc que je mets un point d'honneur à ne pas leur donner mon opinion personnelle mais quand même... quel plaisir de les entendre dire/demander:

"Ah oui en fait le 49.3 c'est comme un joker mais à la base ça devait rester exceptionnel ! Ils abusent là quand même non?"

ou bien:

"Mais les ministres, leurs retraites à eux du coup, elles sont réformées aussi??"

ou encore:

"Moi ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi les policiers et les CRS, ils ne manifestent pas eux aussi, ça les gêne pas de travailler jusqu'à 64 ans, eux????"...

"En fait, c'est comme si le peuple voulait faire un message clair à Emmanuel Macron et que lui il refuse d'écouter le message clair" (si tu ne sais pas ce qu'est un message clair, clique ici)

C'est l'occasion de leur expliquer certaines choses, qui sont des faits, de les laisser réfléchir et s'exprimer sur d'autres choses, qui sont leurs opinions en devenir. Non, ce matin-là, je n'ai pas fait grève et je n'ai pas non plus manifesté, mais j'ai la sensation d'avoir agi quand même. 

Et mes élèves ont donc produit collectivement un texte que je suis ravie de partager avec toi, Lecteur, afin qu'à ton tour tu puisses le partager avec tes enfants/élèves si tu le souhaites car il n'est jamais trop tôt pour former les citoyens de demain :